Les compagnons de la marguerite

Les compagnons de la marguerite est un portfolio de 15 posters agrémentés à chaque fois d’un petit récit autobiographique. Cet ensemble de textes accouplé aux images coquines recomposent mes souvenirs érotiques depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. L’idée de ce corpus d’images et de textes est pour moi un règlement de compte avec la pudibonderie ambiante qui m’exaspère depuis plus de vingt ans (de par mes activités d’éditeur et de commissaire d’exposition) mais également la possibilité de dévoiler la pornographie avec poésie et humour. Sous la forme d’une autobiographie, ces récits initiatiques sont un moyen pour moi de redéfinir les passerelles entre la nudité, l’érotisme et la pornographie, mais aussi de marquer les différences entre ces trois champs qui ont été lissées au point de ne plus pouvoir les distinguer. Il y a toujours une cause, une responsabilité et donc un coupable lorsque la société cède à la bêtise et le premier quart de ce nouveau siècle ne pourra pas être mis à l’honneur en terme de liberté d’expression et de penser (comme le siècle d’avant à la même date). Les chasses au sorcières ont changé mais sont toujours du même niveau de débilité, pour exemple : la censure du téton féminin depuis 2012, la tentative d’habillage d’une réplique du David de Michel-Ange en 2016 à Saint-Petersbourg (Symbole de la République face au tyran, qui pour rappel, date de 1501 et qui est érigé depuis sur la place du Palazzo Vecchio à Florence) ou tout simplement en amalgamant de façon systématique la nudité à la sexualité, en témoigne de façon dramatique en 2024, l’affaire de cette professeure licenciée pour avoir montré cette œuvre à ses élèves. La liste des interdictions, prohibitions, mises à l’index est infinie et je préfère vous renvoyer à l’ouvrage suivant : 100 œuvres censurées d’Emmanuel Pierrat aux éditions du Chêne. Ouvrage dans lequel on retrouve l’affiche de mon ami Tom de Pékin pour le film L’inconnu du lac de Guiraudie, et tant d’autres. En prétextant l’impudeur, les orfèvres de la censure réduisent des œuvres d’art historiques comme récentes à la question morale de la pornographie en brandissant le mot « indécence » comme seule argumentaire. De là à remettre au goût du jour l’art dégénéré il n’y a qu’un pas et notre société n’a rien à envier au Talibans qui ont dynamité les bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan sous prétexte que ces sculptures ont été jugées immorales. J’ai tellement subi les formes de censure dans nombre de mes expositions que j’ai décidé de m’en amuser en jetant ce pavé dans la mare aux canards (pour ne pas nommer quelqu’un) et aux accusations d’indécence je réponds par l’irrévérence.

Yann Pérol

Attention les images dans ce portfolio sont plutôt explicites.


62 pages / 20 € (+3€ de frais de port)